Hommage à Théodore Monod, l’ichtyologue (1902-2000)

Hureau J.C.

Date de parution: mars 2023
Volume: 47
Number: 1
Pagination: 007-015
doi: https://doi.org/10.26028/cybium/2023-471-001
Notes:

Jean-Claude Hureau, jeanclaudehureau29@gmail.com

How to cite: Hureau, J.-C. (2023). Hommage à Théodore Monod, l’ichtyologue (1902-2000). Cybium, 47(1): 7-15. https://doi.org/10.26028/CYBIUM/2023-471-001

Résumé

Tribute to Théodore Monod, the ichthyologist

As an eclectic scientist, Théodore Monod is well known for his works on deserts, crustaceans, fishes, botany, desert geology, archaeology, ethnology and the history of science. He was one of the first ecologists, protector of nature and life. He devoted himself to more than twenty scientific disciplines during his career. For many scientists he was the specialist of their own discipline, but in fact he was a specialist of many branches of natural sciences. His 100 publications in ichthyology constitute a remarkable body of work even if they represent only 5% of his writings. This written work is considerable: 2167 scientific articles, notes and books for the general public were published in about 80 years. It is therefore delicate to propose a selection that illustrate the eclecticism of their author. In this paper we concentrate on the works in ichthyology. As soon as he was appointed to the Museum in 1922, he was sent to Mauritania for a year to study fish and crustaceans and also their fishing. These two animal groups have always been his passion and his specialty in zoology. Anatomist, he knew how to observe, draw and interpret all the organisms he studied. The books he wrote alone or in collaboration have become references for all ichthyologists and carcinologists. Thanks to his “insatiable and devouring” curiosity of nature, throughout his missions at sea, his explorations of oceanic islands, he collected until the end of his life tens of thousands of samples. His entry, as an assistant, in a laboratory dedicated to overseas fisheries forced him to familiarize with both fish and tropical countries. The contribution of Theodore Monod to the study of fish and fishing was vast. His work concerns both the fundamental aspects and the applications of ichthyology and can be divided into six major themes: “Fishes and fisheries”, “Systematics, phylogeny, biogeography”, “Biology of fishes”, “Anatomy and functional morphology”, “Inventories and catalogs of species”, “History of Ichthyology”. Among his 100 scientific publications on fishes, we note some master works such as the “Contribution to the fauna of Cameroon” (1927), his work on “The fishing industry in Cameroon” (1928), his work on the systematics of Clupeidae (1961), the numerous anatomical studies on tropical species such as the balastids (1958 to 1960) and elopids. We also note his voluminous work on the urophore complex of the Teleosteans (1968), the work on the cephalic osteology of the Scaridae, started in Dakar 60 years before publication, and completed in collaboration in Paris (1994, 1997). Finally, it is essential here to mention the eminent role played by Théodore Monod in the launching of the series of regional Catalogues/Check-lists of fishes (“the Clof...”). The first of these catalogs, the Clofnam (“Checklist of the fishes of the north-eastern Atlantic and the Mediterranean, 1973”), in which he participated very actively as author and mainly co-editor, served as a model for the whole series. While remaining African at heart and in love with deserts, Théodore Monod remained faithful to the sea and to marine fishes, as much in the subjects of his research as in his scientific functions.

Mots-clés: Ichthyology - Théodore Monod
Résumé en français

Scientifique éclectique, Théodore Monod est bien connu pour ses travaux sur les poissons, sur les crustacés, sur la botanique, sur la géologie des déserts, sur l’archéologie, sur l’ethnologie, sur l’histoire des sciences... Il fut l’un des premiers écologistes, protecteur de la nature et de la vie. C’est une bonne vingtaine de disciplines scientifiques auxquelles il s’est consacré pendant sa carrière. Pour beaucoup de scientifiques il était le spécialiste de leur discipline alors qu’en réalité il était spécialiste dans de nombreuses branches des sciences de la nature. Ses publications d’ichtyologie constituent un ensemble remarquable même si elles représentent à peine 5% de ses écrits. Son œuvre écrite est considérable : 2167 articles scientifiques, notes et ouvrages grand public ont été publiés en 80 ans environ. Il est donc très délicat d’en faire une sélection qui puisse montrer l’éclectisme de leur auteur et le présent papier se concentre sur les travaux réalisés sur les poissons. Dès sa nomination au Muséum en 1922, il est envoyé en Mauritanie pour une année afin d’y étudier les poissons et les crustacés, ainsi que leur pêche. Ces deux groupes animaux furent l’objet principal de ses recherches personnelles, sa passion et sa spécialité. Anatomiste, il savait observer, dessiner et interpréter tous les organismes qu’il étudiait. Les ouvrages qu’il a rédigés seul ou en collaboration sont devenus des références pour tous les ichtyologistes et carcinologistes, car ses études étaient pionnières. Grâce à son “insatiable et dévorante” curiosité de la nature, tout au long de ses missions en mer, ses explorations d’îles océaniques, il collecta et étudia jusqu’à la fin de sa vie des dizaines de milliers d’échantillons. Son entrée, comme Assistant, dans un service consacré aux Pêches d’Outre-mer, devait très vite, sans diminuer en rien son intérêt pour les crustacés, l’obliger à se familiariser à la fois avec les poissons et avec les pays tropicaux. La contribution de Théodore Monod à l’étude des poissons et à la pêche a été très vaste. Ses travaux concernent aussi bien les aspects fondamentaux que les applications de l’ichtyologie et l’on peut diviser son œuvre en six grands thèmes : “Pêches et pêcheries”, “Systématique, phylogénie, biogéographie”, “Biologie des poissons”, “Anatomie et morphologie fonctionnelle”, “Inventaires et catalogues d’espèces”, “Histoire de l’Ichtyologie”. Parmi ses 100 publications scientifiques sur les poissons, signalons ses œuvres maîtresses telle que sa Contribution à la faune du Cameroun (1927), son travail sur L’Industrie des pêches au Cameroun (1928), son travail sur la systématique des Clupeidae (1961), ses nombreux travaux d’anatomie concernant des espèces tropicales telles que les Balistidae (1958 à 1960) ou les Elopidae. Deux mentions particulières concernent son gros travail sur le complexe urophore des Téléostéens (1968) pour lequel il a disséqué les squelettes de plusieurs centaines d’espèces de poissons marins et d’eau douce et son étude de l’ostéologie céphalique des Scaridae qui est une œuvre pionnière, commencée à Dakar 60 ans avant sa publication et terminée en collaboration à Paris (1994, 1997). Enfin, il est indispensable ici de mentionner le rôle éminent joué par Théodore Monod dans le lancement de la série des Catalogues/Check-lists régionaux des poissons marins et d’eau douce (“les Clof…”). Le premier de ces catalogues, le Clofnam (“Catalogue des Poissons de l’Atlantique du Nord-Est et de la Méditerranée, 1973”), auquel il participa très activement comme auteur et surtout co-rédacteur, servit de modèle à tous les catalogues de la série. Tout en restant africain de cœur et amoureux des déserts, Théodore Monod n’en est pas moins toujours resté fidèle à la mer et aux poissons marins, aussi bien dans les sujets de ses recherches que dans ses fonctions scientifiques.

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